Article 02 NOV 2021

Le programme d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques de l’AMA – un outil d’inclusion et d’équité pour les sportifs

Dans ce dernier numéro de « Sous les projecteurs », qui fait le point sur les activités menées par l’Agence mondiale antidopage (AMA) et ses partenaires, nous nous penchons sur le programme d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT). Ce programme fournit une approche globale harmonisée pour les sportifs atteints d’une maladie ou d’un problème de santé qui les oblige à prendre des médicaments figurant sur la Liste des interdictions de l’AMA. Les précédents articles de « Sous les projecteurs » sont disponibles sur le site Web de l’AMA.

Historique

Les AUT, qu’on appelait au départ « exemptions médicales », existent depuis le début des années 1990.

La Commission médicale du Comité international olympique (CIO) a reconnu que certains sportifs souffraient de maladies ou de problèmes de santé nécessitant l’utilisation de médicaments interdits dans le sport. La Liste des substances et méthodes interdites (la Liste) – gérée par l’AMA depuis 2004 – a évolué au fil des ans pour inclure de nombreux médicaments courants. Des lignes directrices claires étaient donc nécessaires pour garantir que les sportifs puissent continuer à bénéficier des soins médicaux dont ils ont besoin, sans compromettre leur carrière sportive.

En conséquence, l’AMA, qui a été créée en 1999, a rédigé le Standard international pour les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (SIAUT) pour garantir la mise en place de règles harmonisées et solides. Le SIAUT a été initialement adopté en 2004 et est entré en vigueur le 1er janvier 2005. Il a été révisé à plusieurs reprises depuis, et la dernière version est entrée en vigueur en janvier 2021.

Les AUT en pratique

Les AUT sont des exemptions spéciales qui ne sont accordées que par des organisations antidopage – fédérations internationales (FI), organisations nationales antidopage (ONAD) et  organisations responsables de grandes manifestations, à l’issue d’un processus d’examen rigoureux défini dans le SIAUT, ainsi que d’une évaluation par trois médecins spécialisés en médecine du sport ou qui ont une autre spécialité pertinente. Afin de protéger l’intégrité du programme, les AUT accordées sont assujetties à un contrôle et à une évaluation supplémentaires par les autres organisations antidopage concernées et les experts du département Science et médecine de l’AMA.

« Les AUT ont été jugées nécessaires par la très grande majorité des sportifs, des médecins et des acteurs du mouvement antidopage, observe le chef de la direction médicale de l’AMA, le Dr Alan Vernec. On ne peut envisager sérieusement l’idée d’empêcher de concourir des sportifs qui souffrent d’une maladie ou d’un problème de santé comme le diabète, l’asthme, la maladie inflammatoire chronique de l’intestin ou des troubles rhumatologiques, par exemple. Cela irait à l’encontre du droit d’accès et de participation au sport, qui est une valeur fondamentale du sport et qui est reconnu de longue date par de nombreuses conventions internationales. »

Tout sportif concourant dans un sport au niveau international (selon la définition de chaque FI) ou au niveau national (selon la définition de chaque ONAD) peut faire une demande d’AUT. Les critères pour accorder une AUT sont les suivants :

 

  1. Le sportif doit traiter un problème médical diagnostiqué à l’aide d’une substance ou d’une méthode figurant sur la Liste des interdictions.
  2. L’usage thérapeutique de la substance ou de la méthode ne devrait produire aucune amélioration significative de la performance au-delà du retour du sportif à un état de santé normal.
  3. La substance ou la méthode est un traitement indiqué du problème de santé, et il n’existe pas d’alternative thérapeutique autorisée et raisonnable.
  4. La nécessité d’utiliser cette substance ou cette méthode ne découle pas d’une utilisation antérieure de la substance ou de la méthode (sans AUT) qui était interdite à ce moment-là.

Pour qu’une AUT soit accordée, ces quatre critères doivent être remplis. 

Afin d’assurer l’harmonisation du processus d’AUT dans le monde, toutes les organisations antidopage sont tenues de disposer d’un processus clair en vertu duquel les sportifs ayant une maladie ou un problème de santé documenté peuvent faire une demande d’AUT et la faire évaluer par un panel de médecins indépendants appelé « comité d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT) ». Les organisations antidopage doivent publier les détails de ce processus sur leur site Web. Par l’entremise de leur CAUT, il leur appartient ensuite d’accorder ou de rejeter la demande d’AUT.

L’AMA a le mandat de superviser et de revoir toute AUT accordée par une organisation antidopage. Dans certains cas, un CAUT de l’AMA peut être convoqué pour un examen et peut renverser ou confirmer une décision en matière d’AUT. L’AMA peut également accepter la demande d’un sportif d’examiner une AUT qui lui a été refusée par son organisation antidopage. Cependant, l’AMA ne traite pas elle-même de demandes directes d’AUT de la part de sportifs.

« Notre rôle est de superviser les AUT qui sont accordées par les organisations antidopage et de les examiner d’un point de vue médical, en nous assurant qu’elles soient conformes au Standard international, explique Yoko Dozono, consultante médicale, Science et médecine de l’AMA. Nous travaillons en étroite collaboration avec des spécialistes cliniques pour élaborer des lignes directrices et d’autres outils destinés à aider les sportifs et leurs médecins à comprendre l’utilisation de médicaments et des méthode dans le sport et à savoir quand il est nécessaire de faire une demande d’AUT. »

« En plus du Standard international, l’AMA, en collaboration avec son groupe consultatif d’experts sur les AUT et des experts internationaux a, développé une série de lignes directrices complémentaires. Il s’agit notamment de directives à l’intention des médecins et de listes de contrôle concernant les maladies et les problèmes de santé les plus courants au sein des populations de sportifs. »

Assurer l’intégrité des AUT

Un certain nombre de mesures de protection ont été mises en place pour préserver l’intégrité du programme d’AUT et protéger les sportifs souffrant de maladies et de problèmes de santé. La majorité des sportifs qui ont besoin d’une AUT restent désavantagés du fait de leur maladie ou problème de santé, et ce, malgré l’autorisation d’utiliser un ou des médicaments.

« Nous continuons de superviser non seulement chaque AUT, mais aussi le processus dans son ensemble pour nous assurer qu’il soit juste et qu’il ne fasse pas l’objet d’abus, note David Healy, responsable Science et médecine de l’AMA. Nous avons effectué un examen détaillé des AUT dans le sport de haut niveau en analysant les compétitions individuelles des Jeux olympiques de 2010 à 2018. Les données montrent que la proportion de sportifs ayant une AUT valide aux Jeux olympiques était inférieure à 1 %, ce qui est comparable au nombre de médaillés ayant une AUT. Il est important de noter que l’analyse statistique suggère qu’il n’y a aucun lien significatif entre le fait d’avoir une AUT et de gagner une médaille. »

Même si le programme d’AUT dispose effectivement d’un processus solide, offre des lignes directrices et des normes claires et bénéficie d’une supervision continue, la clé pour assurer sa mise en œuvre efficace par les OAD dans le monde reste l’éducation – pour les sportifs et leur personnel d’encadrement, ainsi que pour les personnes au sein des organisations antidopage elles-mêmes.

« Je travaille avec des collègues de l’AMA, ainsi qu’avec des experts internationaux, pour renforcer les capacités des organisations antidopage et leur permettre d’offrir des programmes d’AUT harmonisés et de qualité, qui visent à assurer l’équité pour tous les sportifs, remarque Katia Alloun, consultante médicale, Science et médecine de l’AMA. En collaboration avec le département Éducation de l’AMA, nous avons conçu un large éventail de ressources liées aux AUT que les sportifs et les organisations peuvent consulter et utiliser dans le cadre de leurs divers programmes d’éducation antidopage. »

Ces ressources sont accessibles sur le site Web de l’AMA ou sur la Plateforme d’éducation et d’apprentissage antidopage (ADEL) de l’AMA. Elles comprennent notamment les documents suivants :

  • Standard international pour les AUT et lignes directrices associées pour la mise en œuvre du Standard;
  • Lignes directrices sur les AUT à l’intention des médecins;
  • Listes de contrôle en matière d’AUT;
  • Programme de soutien aux signataires pour la mise en œuvre du Code sur ADEL – section Standard international pour les AUT;
  • Plusieurs cours et ressources en ligne pour les sportifs et les professionnels de la santé sur ADEL.

Pour plus d’informations sur le programme d’AUT, ou pour accéder à l’une des ressources mentionnées ci-dessus, veuillez consulter la section sur les AUT du site Web de l’AMA.