Article 14 SEP 2022

5 minutes avec... Astrid Guyart

Astrid_Guyart

Dans ce nouvel épisode de « 5 minutes avec… », l’Olympienne française Astrid Guyart nous parle de ses nombreuses passions. Outre le fleuret, qui est sa spécialité, elle est ingénieure en aérospatiale et elle écrit des livres pour enfants. Visionnez notre interview avec elle pour en apprendre davantage sur ses multiples talents et , entre autres, ce qui l’a tenue occupée pendant la pandémie!

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Cette transcription d'entretien a été légèrement adaptée pour en faciliter la lecture, sans en altérer le sens.

Pourquoi avez-vous rejoint le Comité des sportifs de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA) ?

J’ai été co-présidente du Comité des sportifs de l’Agence française de lutte contre le dopage à partir de son lancement en 2019 et après cette première expérience, j’ai eu envie de contribuer à un échelon plus international, à garantir un environnement sûr et équitable pour les athlètes du monde entier. Et puis il y a les Jeux de Paris 2024 qui approchent et donc il faut que la France soit en mesure d’assurer à tous les participants que les compétitions seront propres. Aucun athlète ne devra se faire voler une médaille sur le sol français. Ces jeux peuvent être exemplaires en matière d’éducation antidopage et de culture de sport propre. C’est donc important d’avoir un représentant français qui puisse siéger au sein du Comité des sportifs de l’AMA pour les années à venir.

Qu’est-ce qui vous motive à représenter les sportifs ?

Je suis convaincue qu’il ne peut pas y avoir de sport propre si on ne place pas les sportifs au cœur du système. C’est important d’entretenir un dialogue et des interactions régulières entre les athlètes et les organisations sportives, qu’elles soient nationales ou internationales. C’est donc important d’être le relai, le porte-voix des athlètes mais aussi d’apporter un regard 'athlète" sur l’ensemble des politiques mises en œuvre sur la lutte antidopage. La lutte antidopage n’est pas simple, ça ne sera jamais binaire. C’est une équation complexe, qui est difficile à résoudre. La solution est toujours un mix entre de la prévention, de la recherche, de l’innovation, des investigations et du contrôle. Voilà c’est important d’avoir les athlètes au cœur de ce système.

Dites-nous quelque chose de nouveau sur vous.

Alors, je ne sais pas si c’est quelque chose que personne ne sait, mais j’ai une petite particularité, c’est d’écrire des livres pour enfants. La collection s’appelle « Les incroyables rencontre de Jo ». Jo est un enfant qui a 10 ans et qui fait à chaque fois la rencontre d’un enfant de son âge qui deviendra 20 ans plus tard, un grand champion français. Ce ne sont pas des livres sur la performance sportive, ce sont vraiment des livres sur le développement personnel, avec le sport comme prétexte pour partir à la rencontre de soi-même et développer les ressources cachées au fond de soi.

Décrivez l’endroit où vous vous trouvez.

Actuellement, je suis au Stade Charléty, porte de Gentilly, à Paris. Pourquoi ce stade ? Parce qu’il se trouve juste à côté du Comité national olympique et sportif français, où je suis co-présidente de la commission des athlètes de haut niveau française et également secrétaire générale adjointe du CNOSF.

Pourquoi êtes-vous devenue une ingénieure en aérospatiale?

Depuis toute petite, je suis fascinée par les étoiles, par l’espace, par nos origines, par la cosmologie, la création de l’univers en quelque sorte. Ce que je trouve intéressant à travers ces questionnements, c’est que finalement l’Homme n’aura jamais ces réponses. Il ne saura jamais revenir en dessous de 10.34 secondes après la création de l’univers et je trouve que ça nous amène à une certaine forme d’humilité. Depuis toute petite, je savais que je voudrais contribuer à ma manière à l’exploration spatiale et à sa réussite. Contribuer au développement et à la fabrication du lanceur Ariane, c’est ma modeste contribution.

Quels sont vos intérêts ou activités autres que le sport?

Mes deux hobbies, quand j’ai du temps, c’est la cuisine et les voyages. Alors la cuisine, au moment du confinement, c’était quartier libre. Par contre, les voyages, un peu moins. Donc depuis qu’on a retrouvé une certaine liberté, j’ai pu reprendre les voyages. C’est quelque chose qui me fait du bien pour perdre mes repères et totalement lâcher prise.

Quel est votre meilleur souvenir relié au sport?

Mon meilleur souvenir relié au sport, ne s’agissant pas de ma propre performance, c’est la Coupe Davis 1991 au Stade Gerland à Lyon, le dernier match de Guy Forget face à Pete Sampras qui offre la coupe à la France. C’est un peu chauvin comme souvenir de sport, mais c’est surtout la première fois qu’on a partagé en famille un moment sportif. Mes parents ne sont pas particulièrement sportifs, mais mon frère l’est beaucoup et moi aussi. C’était un vrai moment de cohésion familiale oû on a vibré derrière les bleus. On les a vus décrocher la plus belle coupe avec toute la ferveur populaire qu’il y a pu avoir à Gerland et qui se transmettait à travers la télévision. C’est ce partage qui fait le sport.

Paris, France, donc votre pays, sera l’hôte des Olympiques 2024. Ça représente quoi pour vous?

En 2024, le monde entier sera à Paris. C’est à la fois une joie mais aussi une responsabilité. Avec la commission des athlètes de Paris 2024 - environ 18 athlètes sont représentés - on œuvre de concert avec le comité d’organisation pour faire en sorte que ces Jeux Olympiques et Paralympiques soient une fête sportive mais aussi une fête populaire. On veut et doit permettre aux athlètes de réaliser leurs plus belles performances, les performances d’une vie, et que ces performances soient liées à leur seul mérite sportif. Il faut aussi que ces Jeux Olympiques et Paralympiques ne soient pas juste deux quinzaines d’évènements sportifs. Il faut que ce soit une grande célébration à l’échelle du territoire national et surtout un héritage pour le sport et la pratique sportive en France.

Qu’aimeriez-vous avoir accompli au cours de votre mandat au sein du Comité des sportifs de l’AMA?

Il y a une réforme qui me tient à cœur, c’est la refonte de la gouvernance du Comité des sportifs. Les athlètes, on est vraiment les premiers acteurs sur les terrains de sport et on est aussi les premiers responsables en cas de manquement ou de violation des règles antidopage. On est aussi les premières victimes des tricheurs, donc c’est important que notre parole puisse compter. Une meilleure représentation démocratique, c’est une étape pour se donner davantage de poids et de légitimité à travers cette parole et cette instance, et c’est le sens de la réforme en cours.