18 JUIL 2016

Déclaration de L'AMA: L'Enquête indépendante confirme l'intervention de l'état russe dans les procédures de contrôle du dopage

  • L’AMA publie le Rapport d’enquête McLaren
  • L’Agence demande des sanctions collectives pour Rio 2016 et au-delà

Préambule de Sir Craig Reedie, président de l’AMA

Pour faire suite à la réunion du Comité exécutif de l’AMA qui s’est tenue aujourd’hui concernant le Rapport d’enquête McLaren, j’attire votre attention sur le communiqué de presse de l’AMA ci-après.

Il est important de noter ce qui suit :

Les recommandations sont formulées par le Comité exécutif de l’AMA, étant clairement entendu que l’AMA n’a ni autorité ni mandat en ce qui a trait aux admissions aux compétitions. Le Comité exécutif a exprimé sa volonté ferme que toutes les organisations responsables exercent leurs activités conformément à leurs règlements respectifs, et c’est ce que reflète le communiqué de presse suivant.

Les principales recommandations du Comité exécutif de l’AMA à la lumière du Rapport d’enquête McLaren sont énoncées ci-dessous. Les organisations concernées devront prendre les décisions qui s’imposent en fonction de leurs propres règles et règlements.

1. Que le Comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique (CIP) envisagent, en vertu de leurs chartes respectives, de refuser l’admission à tous les sportifs envoyés par le Comité olympique russe et le Comité paralympique russe aux Jeux de Rio 2016.
2. Que les fédérations internationales (FI) représentant les sports en cause dans le Rapport McLaren considèrent leurs responsabilités en vertu du Code mondial antidopage (le « Code ») en ce qui concerne leurs fédérations nationales (FN) russes.
3. Que les représentants du gouvernement russe se voient refuser l’accès aux compétitions internationales, y compris les Jeux de Rio 2016.
4. Que l’Agence antidopage de Russie (RUSADA) demeure non conforme aux termes du Code et que son personnel et son indépendance fassent l’objet d’un examen plus approfondi par l’AMA.
5. Que le processus d’accréditation du laboratoire accrédité par l’AMA à Moscou (le « laboratoire de Moscou ») soit interrompu.
6. Que le Comité d’éthique de la FIFA se penche sur les allégations concernant le football et le rôle joué par un membre de son Comité exécutif, le ministre Vitaly Mutko.
7. Que M. McLaren et son équipe terminent le mandat qui leur a été confié pourvu que l’AMA obtienne le financement nécessaire.

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Montréal, le 18 juillet 2016 – L’Agence mondiale antidopage (AMA) annonce la publication du Rapport d’enquête McLaren (le « Rapport McLaren »), dévoilé plus tôt aujourd’hui par Richard H. McLaren durant une conférence de presse qu’il a tenue à Toronto, au Canada.

Le 18 mai, l’AMA a retenu les services de M. McLaren, à titre de personne indépendante, pour enquêter sur les allégations d'intervention de l'État russe dans les procédures de contrôle du dopage, allégations qui ont été faites par Grigory Rodchenkov, ancien directeur du laboratoire accrédité par l’AMA à Moscou, à l’émission 60 Minutes, sur les ondes de CBS, et dans le New York Times, les 8 et 12 mai derniers,.

Plus précisément, conformément au mandat  de l’Enquête McLaren, M. McLaren a eu pour tâche d’établir les faits suivants :

1. Déterminer s’il y a eu manipulation des procédures de contrôle du dopage lors des Jeux olympiques et paralympiques de Sotchi 2014, y compris, sans s’y limiter, des actes de falsification des échantillons au laboratoire satellite accrédité par l’AMA à Sotchi (le « laboratoire de Sotchi »), qui avait été établi pour les Jeux.
2. Déterminer le « modus operandi » et l’identité des personnes en cause.
3. Identifier tout sportif ayant pu bénéficier d’actes de falsification visant à dissimuler des résultats de contrôle du dopage positifs.
4. Déterminer si le laboratoire de Moscou a déjà agi selon le même « modus operandi » en dehors de la période des Jeux de Sotchi 2014.
5. Vérifier si M. Rodchenkov détenait d’autres informations ou preuves.

Le Rapport de 103 pages, déposé aujourd’hui, fait état des principales constatations suivantes, établies hors de tout doute raisonnable :

1. Dans le but de protéger les sportifs russes dopés, le laboratoire de Moscou exerçait ses activités selon un système « à sécurité intégrée » régi par l’État, qualifié dans le Rapport de « méthode de dissimulation des résultats positifs ».
2. Le laboratoire de Sotchi usait d’une méthode unique d’échange d’échantillons afin de permettre aux sportifs russes dopés de participer aux Jeux.
3. Le ministère des Sports dirigeait, contrôlait et supervisait la manipulation des résultats d’analyse des sportifs et l’échange des échantillons, avec la participation active et l’assistance du Service fédéral de sécurité (FSB), du Centre de préparation sportive des équipes nationales de Russie (CSP) ainsi que des laboratoires de Moscou et de Sotchi.

« L’AMA est reconnaissante à Richard McLaren, à son équipe et aux autres collaborateurs qui, ensemble, ont contribué à nous fournir les faits dont nous avions besoin pour aller de l’avant concernant les allégations et aux autres informations transmises par M. Rodchenkov, a déclaré Sir Craig Reedie, président de l’AMA. Il est scandaleux de constater que le Rapport McLaren corrobore ces allégations, exposant le « modus operandi » appliqué par le laboratoire satellite de Sotchi pour les Jeux de 2014 et par le laboratoire de Moscou depuis 2011 et après les Jeux de Sotchi. Il s’agit d’un cas grave d’intervention dans les procédures de contrôle du dopage. Non seulement les preuves impliquent le ministère des Sports russe dans l’élaboration d’un système dont le seul et unique but était de corrompre les procédures de contrôle du dopage, mais elles lèvent également le voile sur la participation active et l’assistance du Service fédéral de sécurité et du Centre de préparation sportive des équipes nationales de Russie.

« Le Rapport, a affirmé M. Reedie, démontre également l’implication de l’Agence antidopage de Russie (RUSADA) et indique que certaines des principales personnes en cause, en particulier le sous-ministre des Sports, étaient des membres du Comité olympique russe. En outre, l’Enquête révèle que la supervision et le contrôle exercés par l’État au laboratoire de Moscou dans le traitement et la dissimulation des échantillons d’urine des sportifs russes s’appliquaient à toutes les disciplines sportives pour lesquelles des échantillons d’urine étaient analysés au laboratoire de Moscou.

« Le Rapport corrobore les preuves avancées par M. Rodchenkov, révélant au monde du sport l’étendue des abus de pouvoir délibérés commis en Russie, a dit M. Reedie. Ce sont des actes totalement inacceptables pour tous les sportifs, pour la communauté sportive élargie et pour l’ensemble des nations en compétition. On apprend que le ministère des Sports russe est intervenu dans les procédures de contrôle du dopage lors des Jeux de Sotchi en 2014, des Championnats du monde d’athlétisme (IAAF) de Moscou en 2013, ainsi que des Jeux mondiaux universitaires de Kazan en 2013, et qu’il a pris des mesures pour faire échouer des procédures de contrôle du dopage avant les Jeux de Londres en 2012. En tant qu’agence internationale responsable de mener en concertation le mouvement pour un sport propre à l’échelle mondiale, l’AMA appelle le Mouvement sportif à imposer les mesures les plus rigoureuses qui soient afin de préserver le sport propre pour les Jeux de Rio 2016 et au-delà. »

Le Comité exécutif de l’AMA regrette vivement que certaines organisations nationales antidopage (ONAD) aient fait des commentaires publics sur les résultats éventuels de l’Enquête en l’absence de faits, dans les jours qui ont précédé la publication du Rapport. Aujourd’hui, le Rapport McLaren corrobore les preuves, sur la base desquelles le Comité exécutif de l’AMA est parvenu aux conclusions. Le Comité exécutif incite fortement le Mouvement sportif à considérer sérieusement les faits et les sanctions suivantes :

1. Étant donné que le ministère des Sports russe a orchestré un système de falsification des échantillons des sportifs russes pour corrompre le processus de contrôle du dopage, et que les preuves montrent que ce système est étendu à 30 sports, dont 20 sports olympiques et paralympiques d’été, la présomption d’innocence à l’égard des sportifs concourant dans ces sports, et dans tous les sports en Russie, est sérieusement remise en question.

Par conséquent, l’AMA recommande au Comité international olympique (CIO) et au Comité international paralympique (CIP) d’envisager, en vertu de leurs chartes respectives, de refuser l’admission à tous les sportifs envoyés par le Comité olympique russe et le Comité paralympique russe aux Jeux de Rio 2016. De plus, le CIO et le CIP devraient considérer la possibilité que tout sportif admis de façon exceptionnelle le fasse sous « pavillon neutre » et selon des critères très stricts.

L’AMA recommande également que les représentants du gouvernement russe se voient refuser l’accès aux compétitions internationales, y compris les Jeux de Rio 2016.

2. L’Enquête a conclu qu’un grand nombre de sports olympiques, non olympiques et paralympiques ont bénéficié du système orchestré par le ministère des Sports russe. La présomption d’innocence à l’égard des sportifs russes concourant dans ces sports est donc sérieusement remise en question.

Par conséquent, l’AMA recommande aux fédérations internationales (FI) de considérer leurs responsabilités en vertu du Code mondial antidopage en ce qui concerne leurs fédérations nationales russes. (Il est à noter qu’un certain nombre de FI ont déjà pris des mesures à cet égard en vertu de leurs règles.)

Le Comité exécutif de l’AMA presse le gouvernement russe de faire en sorte que toutes les personnes en cause dans ce système fassent l’objet des mesures appropriées, et ce, dans les plus brefs délais.

Par ailleurs, le Comité exécutif est très déçu de constater, à la lecture du Rapport d’aujourd’hui, que malgré toutes les mesures que le gouvernement russe prétendait publiquement avoir prises, celui-ci avait une telle confiance en l’incapacité des intervenants extérieurs de détecter son stratagème qu’il a poursuivi ses pratiques durant la période où la Commission indépendante (CI) de 2015 de l’AMA menait son enquête. Ce comportement témoigne d’un mépris total pour la communauté internationale et confirme l’urgence d’un engagement réel et démontrable de la part des autorités russes à opérer un changement de culture.

Il est à noter que, suite à la publication du premier rapport de la CI, le 8 novembre 2015, qui faisait la lumière sur le dopage généralisé dans l’athlétisme en Russie, l’AMA a immédiatement suspendu le laboratoire de Moscou. Le processus de ré-accréditation sera désormais interrompu.
« Depuis le rapport de la Commission indépendante de l’AMA, a déclaré Olivier Niggli, directeur général de l’AMA, d’importantes personnalités politiques russes ont reconnu publiquement l’existence de pratiques de dopage établies de longue date en Russie et a concédé qu’un changement de culture important s’imposait. Le Rapport McLaren rend encore plus manifeste la nécessité qu’un tel virage soit opéré à partir des plus hautes sphères, de manière à ce que la réforme dont le sport propre a besoin puisse avoir lieu. »

« Face à des preuves aussi évidentes de subversion par l’État des procédures antidopage, a affirmé M. Reedie, l’AMA insiste pour que les conséquences les plus graves soient imposées afin de protéger les sportifs propres contre le fléau du dopage dans le sport. »

Compte tenu du fait qu’il pourrait y avoir des exceptions aux sanctions collectives énumérées ci-dessus, l’AMA travaille à établir des lignes directrices non contraignantes afin d’aider le CIO, le CIP et les FI dans leur processus décisionnel. Ces lignes directrices seront disponibles peu de temps après que le Tribunal arbitral du sport (TAS) aura rendu sa décision, le 21 juillet, concernant le différend entre le Comité olympique russe et l’IAAF.
 
« RUSADA demeure non conforme en dépit des efforts considérables de l’AMA, de l’Agence antidopage du Royaume-Uni (UKAD), d’experts indépendants et d’autres intervenants, a dit M. Niggli. Pour transformer le système et la culture antidopage en Russie, au point où on pourra les considérer comme solides et dignes de confiance, il faudra du temps et des efforts. » M. Reedie ajoute aux remarques de M. Niggli que « Le Rapport McLaren confirme que le retour à la conformité de RUSADA ne pourra être envisagé tant et aussi longtemps que toutes les personnes du ministère des Sports russe et des autres organismes gouvernementaux en cause dans le Rapport, y compris RUSADA, soient démises de leurs fonctions ».

Il faut noter que l’AMA s’engage, aux côtés d’UKAD et d’autres intervenants, à collaborer avec RUSADA pour lui rendre son statut de conformité et assurer la mise en œuvre d’un programme antidopage plus indépendant, qui soit autonome du gouvernement. L’atteinte de cet objectif serait très profitable pour les sportifs russes qui croient au sport propre.

Par ailleurs, le rôle joué dans ce système par l’un des membres du Comité exécutif de la FIFA, Vitaly Mutko, ministre des Sports russe, constitue une autre conclusion notable du Rapport. Par conséquent, l’AMA incite fortement le Comité d’éthique de la FIFA à se pencher sur les allégations concernant le football et le rôle joué par M. Mutko.

M. McLaren explique dans son Rapport que, compte tenu du délai imparti de 57 jours dont il disposait, il n’a pas eu le temps d’explorer le troisième élément du mandat de l’Enquête, qui consistait à « identifier tout sportif ayant pu bénéficier d’actes de falsification visant à dissimuler des résultats de contrôle du dopage positifs ». L’AMA confirme qu’elle souhaiterait que M. McLaren et son équipe terminent leur mandat, pourvu qu’elle puisse obtenir le financement nécessaire.

Au cours des jours et des semaines à venir, l’AMA continuera d’étudier les conclusions du Rapport, en collaboration avec ses partenaires, afin de déterminer si d’autres mesures sont requises. Le Rapport sera également transmis au Comité indépendant de révision en matière de conformité de l’Agence.

À la lumière du Rapport McLaren, il est clair que des abus graves ont été commis à l’endroit du système antidopage mondialement accepté. L’AMA est résolue à passer en revue le système mondial et amorcera cet exercice en réunissant en septembre un groupe de réflexion comprenant des représentants de divers partenaires.

À PROPOS DE L’AMA

L’Agence mondiale antidopage (AMA) est l’organisation internationale indépendante créée en 1999 pour promouvoir, coordonner et superviser la lutte contre le dopage dans le sport sous toutes ses formes. Elle est composée et financée à parts égales par le Mouvement sportif et les gouvernements. Ses activités principales comprennent la recherche scientifique, l'éducation, le développement antidopage et la supervision de la conformité au Code mondial antidopage – le premier document harmonisant les règles liées au dopage dans tous les sports et dans tous les pays.

CONTACT MÉDIAS

Catherine MacLean, directrice, Communications
Téléphone : + 1-514-904-8827
Courriel : catherine.maclean@wada-ama.org
https://www.wada-ama.org/fr

Maggie Durand, coordonnatrice, Communications
Téléphone : + 1-514-904-8738
Courriel : maggie.durand@wada-ama.org
https://www.wada-ama.org/fr